Alice dans les villes de Wim Wenders
Synopsis : Jeune journaliste allemand en panne d’inspiration, Philippe ne parvient pas à écrire l’article sur les États-Unis que son éditeur munichois lui a commandé. Il décide de rentrer dans son pays mais se retrouve coincé à l’aéroport à cause d’une grève. Là, il sympathise avec Lisa et sa fille Alice, âgée de 9 ans. La jeune femme demande à Philippe d’emmener la fillette à Amsterdam (la seule destination encore assurée) où elle les rejoindra. Mais une fois qu’ils sont en Europe, Lisa se fait attendre et nos deux compagnons de voyage décident de partir à la recherche de la grand-mère d’Alice…
A l'opposé des films tournés dans le seul but de divertir, il y a des
oeuvres qui nous marquent durablement, si profondément qu'elles
deviennent une source d'inspiration permanente, de façon consciente ou
non. Alice dans les villes, du réalisateur allemand Wim Wenders, fait partie de cette catégorie.
Au début du film, l'image noir et blanc est hésitante, tout comme
l'histoire qui s'amorce. Un homme semble errer sans but précis sur les
routes américaines, photographiant au polaroïd motels et stations
services. Puis une histoire se dessine lentement, au gré de rares
dialogues. L'homme est allemand, c'est un journaliste, et il est chargé
d'écrire un article sur les paysages américains. N'y arrivant pas, il
décide de rentrer à Munich. Sur le chemin du retour, il se verra
confier Alice, une petite fille âgée de 9 ans.
Commence alors un road-movie incertain entre Amsterdam et plusieurs villes d'Allemagne, à la recherche de la grand-mère d'Alice. Mais bien plus que cette quête improbable, c'est bien l'errance qui est au centre du film, l'errance au sein des villes modernes, déshumanisées mais terriblement attirantes. Magnifiquement filmées, les lieux traversés finissent par se confondre en une succession infinie de quais, de grands ensembles et de rues calmes, comme pour mieux décrire la globalisation accélérée des paysages urbains.
Pendant ce temps, les regards se croisent ou se fuient, et les silences semblent bien plus éloquents que les mots. La musique est discrète, mais les quelques notes de guitare soulignent parfaitement la beauté des images. Le film immerge progressivement le spectateur dans un univers unique, que Wim Wenders continuera d'explorer par la suite, notamment avec Paris, Texas. Alice dans les villes est un film véritablement envoûtant. Car bien après l'avoir vu on repense aux images d'Alice, du journaliste. Et des villes.